Institutionnel | 17.08.2018

Retour sur le Sommet UIA des Présidents des Barreaux : Focus sur l’esclavage moderne

Le 28 juin 2018 s’est tenu au siège des Nations Unies à New York le « Sommet UIA des Présidents des Barreaux », une occasion unique de rencontrer confrères, haut-fonctionnaires onusiens et représentants d’associations internationales dans un lieu hautement symbolique.

Sponsorisé par la Mission permanente du Portugal auprès des Nations Unies, cet évènement exceptionnel a réuni plus de 150 participants dont de nombreux représentants de nos membres collectifs.

En 2018, le programme du Sommet UIA a été essentiellement axé sur la problématique de l'esclavage moderne, un fléau extrêmement actuel, qui touche presque tous les pays du monde et affecte la vie de millions de personnes de manières très diverses.

Grâce à un large panel de conférenciers, les participants ont pu approfondir leurs connaissances sur les problématiques posées par l’esclavage moderne, les défis et implications que la thématique présente pour la communauté internationale en général et la communauté juridique en particulier. De nombreux appels adressés à cette dernière ont d’ailleurs été lancés par les orateurs. Les différentes politiques de prévention et de lutte contre l’esclavage moderne, mises en place par différentes agences onusiennes, les États membres des Nations Unies et certaines organisations internationales ont également été abordées.

La journée de travail a commencé par de chaleureux mots de bienvenue prononcés par le Président de l’UIA, Pedro Pais de Almeida, Roger Juan Maldonado, Président de la New York City Bar Association, et Andre R. Jaglom, représentant du New York State Bar. L’ambassadeur Francisco Duarte Lopes, Représentant permanent du Portugal auprès des Nations Unies, dont le soutien a été précieux pour l’organisation de cet évènement, a également tenu à accueillir les participants.

L’UIA a eu le privilège de compter sur la présence de Louise Arbour, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour les migrations internationales. Louise Arbour a centré son discours liminaire sur les aspects de l’esclavage moderne qui ressortent dans le processus d’adoption d’un Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et, en particulier, sur les questions liées à la mobilité humaine, et à la situation de vulnérabilité face à l’exploitation et aux abus dans lesquels se trouvent les migrants.

Le premier panel a été modéré par Jacqueline Scott, Directrice adjointe de l’UIA-IROL. Urmila Bhoola, Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les formes contemporaines d’esclavage a exposé les principaux instruments internationaux applicables en matière d’esclavage moderne et fait état de considérations liées au droit international des droits de l’homme sur le sujet. Shabari Nair, représentant du BIT-New York, a, quant à lui, présenté l’Alliance 8.7 des Objectifs de Développement Durable (ODD), une initiative pluripartite visant à éradiquer le travail forcé, l’esclavage moderne, la traite des êtres humains et le travail des enfants. James Cockayne, Directeur du bureau new-yorkais de l’Université de l’ONU, a ensuite abordé les défis du secteur financier pour rompre tout lien avec la traite d’êtres humains et l’esclavage moderne. Enfin, Laura Adal, de l’organisation Global Initiative against Transnational Organized Crime, a présenté l’initiative RESPECT (The Responsible and Ethical Private Sector Coalition against Trafficking) adressée au secteur privé.

Le deuxième panel, modéré par Gonçalo Saraiva Mattias, Conseiller du Président, s’est focalisé sur le cas spécifique des enfants qui, selon certaines estimations, représentent près d’un tiers des victimes du trafic d’êtres humains. Une introduction à la thématique a été exposée par Annette Lyth, Assistante spéciale de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargé de la question de la violence à l’encontre des enfants, et Kerry L. Neal, Spécialiste au sein de l’UNICEF, a abordé le point de vue de l’organisme qu’il représentait sur la question.

À l’heure du déjeuner, les participants ont eu l’occasion et le privilège d’échanger avec Stéphane Dujarric, Porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies, qui a fait quelques observations sur les particularités et les défis posés par la communication au sein des Nations Unies. 

La session de l’après-midi s’est ouverte par l’intervention de Miguel de Serpa Soares, Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques et Conseiller juridique de l'Organisation des Nations Unies, qui a abordé les activités des Nations Unies visant à soutenir l’État de droit aux niveaux national et international ainsi que l’importance de défendre un système international basé sur des règles.

Le troisième panel a repris la thématique centrale de l’évènement, pour traiter cette fois-ci du rapport entre trafic des êtres humains et migration, notamment dans le cadre des discussions sur le Plan mondial sur les migrations. Modéré par Pascal Maurer, Directeur général de l’UIA-IROL, le panel a compté avec l’intervention de l’Ambassadeur Marc Pecsteen, Représentant permanent de la Belgique auprès des Nations Unies, Vice-Président de l’ECOSOC en 2018 et co-facilitateur des négociations pour l’adoption d’une déclaration à l’occasion de la Réunion de haut niveau sur l'évaluation du Plan d'action mondial des Nations Unies pour la lutte contre la traite. Andrew Gilmour, Sous-Secrétaire général des Nations Unies aux droits de l'homme, a insisté sur la vulnérabilité des migrants qui, souvent criminalisés, peuvent devenir à la fois victimes du trafic mais aussi des mesures visant à lutter contre ce crime. Il a également mentionné les moyens par lesquels la communauté juridique pouvait les soutenir. Simone Monasebian, Directrice exécutive du Bureau de New York de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime a partagé avec les participants ses commentaires sur l’expertise de son agence dans la lutte contre le trafic des êtres humains et a présenté de façon plus détaillée le Fonds d'affectation spécial de l'ONU pour les victimes de la traite. Enfin, Maria Stavropoulou, Directeur adjointe du bureau du HCR à New York, a précisé sur quels critères une victime du trafic était considérée réfugiée, pour quelles raisons l’accès au droit d’asile devait lui être garanti et comment les avocats pouvaient soutenir le travail du HCR. 

Le dernier panel, modéré par le Président de l’UIA, Pais de Almeida, sous le titre Esclavage et dignité humaine, s’est intéressé aux victimes, et, en particulier, aux femmes et filles victimes du trafic sexuel. La parole a été donnée aux acteurs qui les soutiennent sur le terrain et plaident en leur faveur notamment auprès des instances internationales. C’est le cas de Yasmeen Hassan, Directrice exécutive d’Equality Now, et Ruchira Guptan, Fondatrice de l’association Apne Aap Women Wordlwide. Vivian Huelgo, avocate et Conseillère à l’ABA, a enfin parlé du travail entrepris par cette organisation professionnelle pour former et sensibiliser des avocats à la défense des victimes du trafic des êtres humains aux États-Unis.

Le Sommet a encore une fois réuni avec succès des représentants de la profession d’avocat pour discuter sur des questions essentielles qui nourrissent les débats en cours aux Nations Unies, et pour réfléchir à des possibilités de coopération et d’action avec les instances internationales. Pour combattre l’esclavage moderne, une réponse globale est nécessaire. La réussite de l’objectif du développement durable 8.7 nécessite des initiatives sur tous les fronts et, comme plusieurs des orateurs l’ont signalé, la communauté juridique a un rôle important à jouer. L’UIA entend continuer ses efforts de sensibilisation dans ce sens.

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