Les droits de l'Homme et la défense de la Défense

Préoccupation pour la situation des avocats en Chine

Des centaines d’avocats, juristes et membres du staff de cabinets d’avocats, tous engagés en faveur des droits de l’homme, ont été interpellés et/ou détenus par la police dans plusieurs provinces de Chine depuis le 9 juillet 2015 (709 Crackdown).

Ces interpellations ont suivi celle de Me Wang Yu, avocate au cabinet Fengrui Law Firm à Pékin. Me Wang Yu est connue pour son implication dans la défense des cas politiquement sensibles et notamment celui des cinq jeunes féministes arrêtées au début du mois de mars pour avoir organisé des actions de rue contre le harcèlement sexuel dans les transports publics. Son mari, Me Bao Longjun, a été aussi arrêté le 9 juillet.

Plus de 100 avocats chinois ont écrit une lettre conjointe pour protester contre sa disparition. Certains de ces avocats, ainsi que ses collègues du cabinet Fengrui à Pékin, ont été alors arrêtés à leur tour, dont Me Zhou Shifeng, directeur du Cabinet Fengrui.

Bien que la plupart de 317 personnes interpellées aient été relâchées depuis, 14 avocats et 22 défenseurs des droits de l’homme font toujours l’objet de mesures de privation de liberté. 33 autres personnes ont été interdites de quitter le pays.

Plusieurs des personnes encore détenues font ou ont fait l’objet d’une procédure pénale dénommée «surveillance résidentielle dans un lieu désigné », qui autorise la détention au secret, et souvent dans des conditions d’isolement, dans un lieu non divulgué pendant une période pouvant aller jusqu’à six mois. La période de six mois étant arrivée à échéance le 9 janvier 2016, l’UIA a co-signé une déclaration préparée par l’organisation China Human Rights Lawyers Concern Group, appelant la communauté internationale à soutenir leur demande de libération en faveur des avocats arbitrairement détenus (voir ci-dessous).

Après six mois de détention, plusieurs des avocats détenus dont Mes Zho Shifeng, Wang Yu, Wang Quanzhang, Li Heping et Li Shuyun ainsi que leur assistant Ms Zhao Wei, ont été formellement accusés de subversion contre l'État, un crime passible d'emprisonnement à vie. Mes Xie Yanyi, Xie Yang et Bao Longjun ont été accusés d’incitation à la subversion contre l’État et risquent une peine de 15 ans de prison. (Pour une mise à jour régulière du cas voir le site internet de China Human Rights Lawyers Concern Group ici ).

A l’initiative de l’ACAT, Me Jean-Jacques Uettwiller, Président de l’UIA, s’est joint à 19 avocats, juges et juristes, dont Robert Badinter, ancien garde des Sceaux français, et Manfred Nowak, ancien rapporteur de l'ONU sur la torture, pour signer une lettre ouverte adressée au président Xi Jinping exprimant leur préoccupation à propos de la répression des avocats en Chine (voir ici).

Cette lettre a reçu une large couverture médiatique

The Guardian
- New York Times
- Associated Press
- Yahoo News
- Lawyersweekly.au
- Die Zeit (Online)
- Japan Times
Theepochtimes.com
The Australien
- Le Monde
- Lawyers Herald