Les droits de l'Homme et la défense de la Défense

Dispersion par la police du sit-in de Nasrin Sotoudeh contre la persécution des dissidents

FIDH – Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme
et ses organisations membres en Iran
LDDHI – Ligue de Défense des Droits de l'Homme en Iran 
DCHR - Defenders of Human Rights Center
et UIA - Union Internationale des Avocats 
Paris, 21 octobre 2014Nasrin Sotoudeh, avocate des droits humains de renom et lauréate du Prix Sakharov en 2012, a organisé aujourd'hui un sit-in devant le Barreau de Téhéran, pour manifester contre la persécution du gouvernement iranien contre les voix dissidentes, et le contrôle croissant du régime sur le barreau et le système judiciaire iranien. La manifestation a été dispersée quelques heures plus tard par la police et les services de renseignement. Un journaliste de l'AFP qui couvrait l'événement s'est vu confisquer son appareil photo. Il lui a été rendu après que les photos du sit-in aient été effacées de la carte mémoire de son appareil.  

« Le gouvernement iranien doit arrêter la persécution des activistes et avocats des droits humains », a déclaré Karim Lahidji, Président de la FIDH. « La FIDH soutient pleinement les revendications de Mme Sotoudeh et manifeste sa plus grande solidarité avec elle et tous les autres défenseurs des droits humains en Iran. »

« L’UIA se tient fermement aux côtés de Nasrin Soutoudeh, qui est poursuivie parce qu’elle est une avocate engagée dans la défense des libertés fondamentales », a rappelé Stephen L. Dreyfuss, Président de l’UIA. « L’Iran doit confirmer son attachement aux droits de l'homme, et laisser à cette avocate remarquable la possibilité de continuer à exercer sa profession ». 

Mme Sotoudeh avait annoncé la tenue du sit-in hier dans une lettre publiée sur la page Facebook de son mari, dans laquelle elle fait état de ses préoccupations quant à la pression et au contrôle croissants exercés par le régime sur les avocats et le Barreau. Cette pression imposée par le régime sur le Barreau a poussé ce dernier à annoncer samedi 18 octobre que Mme Sotoudeh était interdite d'exercer sa profession d'avocate pendant trois ans. Cette interdiction avait été explicitement demandée au Barreau par la Cour de la Révolution Islamique sur la base de la condamnation de Mme Sotoudeh en 2011 pour plusieurs « crimes », y compris « propagande contre le système ». Le régime lui reprochait notamment d'avoir donné des interviews à certains médias internationaux sur la situation des droits humains en Iran. Son procès et sa condamnation en 2011 avaient été déclarés arbitraires et illégaux par les Nations unies. 

Mme Sotoudeh appelle le Barreau à annuler la suspension illégale de sa licence et demande au régime de permettre aux avocats et au Barreau de travailler dans de meilleures conditions et sans aucune persécution.

Rappelant le rôle clé des avocats dans l’administration de la justice, nos organisations exhortent les autorités iraniennes à se conformer aux standards évoqués dans les Principes de base du rôle du barreau des Nations unies, adoptés en 1990 qui stipulent que « les pouvoirs publics veillent à ce que les avocats puissent s'acquitter de toutes leurs fonctions professionnelles sans entrave, intimidation, harcèlement ni ingérence indue » (Principe 16).
 
Le Principe 23 affirme en outre que “les avocats, comme tous les autres citoyens, doivent jouir de la liberté d'expression, de croyance, d'association et de réunion. En particulier, ils ont le droit de prendre part à des discussions publiques portant sur le droit, l'administration de la justice et la promotion et la protection des droits de l'homme et d'adhérer à des organisations locales, nationales ou internationales, ou d'en constituer, et d'assister à leurs réunions sans subir de restrictions professionnelles du fait de leurs actes légitimes ou de leur adhésion à une organisation légitime”. 
 
Nos organisations appellent les autorités iraniennes à respecter les droits à la liberté d'expression et d'association et à mettre un terme à la persécution des voix dissidentes. Le système judiciaire et le Barreau doivent pouvoir fonctionner de façon indépendante, en particulier les avocats qui représentent des individus qui font face à des charges à caractère politique.